Les retraites en 2040
par Robert Litwak

I. Qu'en sera t-il en 2040 ?

Le rapport Charpin a donné une vision catastrophique sur le problème des retraites en 2040. Il y a eu ensuite les rapports Taddéi et Teulade et celui du Conseil d'Orientation des Retraites (COR) qui ont un peu dédramatisé le sujet.

Le rapport du COR nous dit que la charge des retraites dans le PIB passerait de 12 à 18.5% en 2040.

Le MEDEF affirme que nous ne pourrions pas supporter cette augmentation !

Pourtant, les économistes de la fondation Copernic remarquent que de 1959 à 2000 la part des retraites dans le PIB est passée de 5 à 12%, soit une augmentation de 7% sur 40 ans. Ils remarquent également que 6.5% ne correspond qu'à une augmentation de 0.37%/an des cotisations des salariés tout en maintenant le niveau de vie des retraités.

Depuis 40 ans, la croissance (gain de productivité) a été supérieure à 0.37%/an, mais comme on observe actuellement un fléchissement, les organisations patronales font des projections de la situation actuelle sur les 40 années à venir.

Voulons nous maintenir le niveau de vie des retraités ou garantir que la part du capital dans le PIB ne baisse pas ?
C'est un choix de société et de répartition des richesses

II. Peut-on payer les retraites ?

Projection avec un gain de productivité de 1.5 et 2.05%/an
(en milliard de F)
2000 2040 i=1.5% 2040 i=2.05%

PIB

8000

14512

18000

Salaires (1)

3840

5607

7700

Retraites (2)

960

3100

3100

Masse salariale ( 1+2 )

4800

8707

10800

Taux de cotisation

25%

55%

40%

Part des salaires (PIB)

60%

60%

60%

Part des retraites (PIB)

12%

21%

17.2%

Le MEDEF nous dit qu'il sera impossible de payer les retraites en 2040 (3100 GF) qui passeront de 12% à 18.5% du PIB soit une augmentation de 6.5% (rapport COR) !

En partant d'une croissance variant de 1.5 à 2.05%, on peut voir sur le tableau ci-dessus que la part des salaires et retraites dans le PIB (60%) ne change pas.

Le MEDEF nous dit que les cotisations vont passer de 25% à 40% et que les actifs ne pourront pas payer.

Les économistes font remarquer que cela correspond à une augmentation des cotisations de 0.37%/an à 0.75%/an suivant le gain de productivité retenu (2.05 à 1.5%/an). Que les salaires augmenteront malgré cela de 0.95%/an à 1.75%/an, tout en maintenant le niveau de vie des retraités.

Le MEDEF (http://www.medef.fr/staging/site/page.php?pag_id=323) pense que la croissance sera pratiquement nulle et qu'il faut donc augmenter la durée de cotisation.

La France est un des pays européens qui a le plus mauvais taux d'activité des 55-60ans ; deux personnes sur trois n'occupent déjà plus un emploi au moment de faire valoir leurs droits à la retraite. La demande du MEDEF de 45 années de cotisation baissera le taux de remplacement à la retraite (retraite/dernier salaire) et le montant de la retraite. Le niveau de vie des retraités baissera ainsi que la part de la masse salariale dans le PIB (actuellement 60%).

La part revenant au profit augmentera nécessairement !

III. Justice entre les retraites du privé et les pensions du public

Contrairement à ce que l'on nous dit le taux de remplacement (rapport entre montant de la retraite brute et le dernier salaire brut) est supérieur dans le privé, ce qui est dû aux retraites complémentaires.

PUBLIC/PRIVE des retraites à deux vitesses
http://www.maisons-de-retraite.net/pages/infos/archives/prive-public.htm

Public

 

Privé

75% du dernier salaire

Montant moyen de la pension

47% du dernier salaire

9 561 francs par mois

En 1997, ils ont touché, en moyenne

5 787 francs par mois

6 dernier mois

Base de calcul

Avant 1973 : 10 dernières années
1973-93 : 10 meilleures années
Depuis 1993 : 25 meilleures années

55 - 60 ans voire moins

Âge minimum de départ à la retraite

60 - 65 ans

Aujourd'hui : 37,5 ans

Inchangé depuis 1948

Durée de cotisation

Avant 1993 : 37,5 ans
Aujourd'hui : 38,25 ans
2008 : 40 ans

7,8%

Taux de cotisation
(agent)

12% (Cadres) 9,3% (non Cadres)

A regarder ces chiffres, nous sommes convaincus de l'iniquité du traitement du privé par rapport au public ! Le taux de remplacement dans le privé doit donc être très inférieur à celui du public ! C'est faux !

Taux de remplacement à la retraite dans les conditions actuelles (2002)

65 ans

60 ans

65 ans

60 ans

65 ans

60 ans

65 ans

60 ans

81%

64%

62%

41.2%

63%

64%

47%

40.7%

Employé 2xSMIC

Fonctionnaire moyen 2xSMIC

Cadre supérieur 8xSMIC

Haut fonctionnaire 8xSMIC

Le taux de remplacement est de 31 à 57% supérieur dans le privé

Nota
Les taux de remplacement des salariés du secteur privé ont été calculés avec le simulateur-retraite de la CNP (http://www.cnp.fr)

Pour les hauts fonctionnaires, on a supposé une rémunération indiciaire égale à 55% du total (équivalent indice majoré 1 200) ; pour le fonctionnaire moyen à 85% (chiffres DGAFP) (1 SMIC # 14 000 € / an) (cf http://www.hautefonctionpublique.org/2718G16/Etudes/retg16-0902.pdf)

IV. Salaires privé / public

Une étude récente a montré que le salaire moyen dans le public est supérieur à celui du privé !

Un autre point de vue

Pour la démonstration il n'est pris comme référence que la seule Fonction publique de l'Etat où les cadres représentent (notamment en raison du nombre d'enseignants) 48% des salariés, contre 12% dans le secteur privé (enquête INSEE : emploi de 1999).

1998

Enseignants du public

Public

Privé

Employés et ouvriers

109KF

98KF

Professions intermédiaires

121.5KF

128KF

139.6 KF

Cadres

178 KF

187 KF

248 KF

Sur le site http://www.insee.fr/ de l'INSEE, on peut avoir les enquête N° 694 de 01/00 (Les salaires des agents de l'Etat) et N° 687 de 12/99 (Les salaires dans les entreprises) qui donnent les salaires nets annuels du public et du privé en 1998.

V. Bilan

Nous pouvons parfaitement maintenir le niveau des retraites et des salaires en France en augmentant légèrement les cotisations (0.37%/an).

Contrairement à ce que l'on entend, le secteur public a un taux de remplacement et un salaire inférieur au secteur privé (professions intermédiaires et cadres).

Nous devons réclamer le droit à la retraite à taux plein à 60 ans pour tous